Louise Mushikiwabo : « Faisons nos affaires ensemble, faisons nos affaires en français. »

Secrétaire générale de la Francophonie
Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

L'Organisation internationale de la Francophonie met en oeuvre la coopération multilatérale francophone au service de ses 93 Etats et gouvernements.
« Faisons nos affaires ensemble, faisons nos affaires en français. » C’est sur ces mots que Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a conclu son intervention à l’ouverture de la cinquième Rencontre des Entrepreneurs Francophones, organisée à Brazzaville. Un discours à la fois chaleureux et déterminé, saluant le chemin parcouru par l’Alliance des Patronats Francophones et appelant à consolider un écosystème d’affaires cohérent, fluide et solidaire à l’échelle du monde francophone.
Louant l’engagement des 43 organisations professionnelles membres de l’Alliance et les résultats des précédentes éditions, Louise Mushikiwabo a souligné que « l’Alliance est désormais un acteur majeur sur la carte économique francophone. » Un constat renforcé par le soutien politique accordé par le Président Denis Sassou-Nguesso à cette édition de la REF, qu’elle a salué comme un signal fort en faveur de l’entreprise et du secteur privé dans la stratégie de développement du continent.
Dans une parenthèse personnelle, empreinte de franchise et d’humour, la Secrétaire générale est revenue sur sa propre campagne pour l’OIF. « Je parlais beaucoup de francophonie économique, et on me disait que je devais parler plus de poésie que d’argent », a-t-elle confié en évoquant son ami et actuel ministre congolais de la Culture. « Ce matin, je le retrouve ici… et je constate que la prospérité n’est pas incompatible avec la poésie. » Cette anecdote illustre l’évolution assumée de la Francophonie vers une approche plus pragmatique, sans renier son ancrage culturel.
Pour Louise Mushikiwabo, cette orientation économique est désormais au cœur du mandat de l’OIF. Elle insiste : « La francophonie économique est une réalité. » Avec 17,5 % de la population mondiale, 16,5 % du PIB global et 20 % du commerce international des marchandises, l’espace francophone dispose d’un potentiel économique considérable. Un potentiel qu’elle s’attache à valoriser depuis 2019 en tissant des passerelles entre gouvernements, entreprises et réseaux d’affaires.
Elle a également mis en avant l’action de l’OIF à travers les Missions économiques et commerciales de la Francophonie, qualifiées de « catalyseur d’opportunités » pour les PME. Cinq éditions ont déjà eu lieu, dont la dernière à Cotonou, avec plus de 1 700 entreprises participantes, 4 000 rendez-vous B2B et plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires générés. « Quatre accords ont été signés la semaine dernière au Bénin, dont deux à plus de 30 millions d’euros. Ce n’est pas rien ! » a-t-elle rappelé, insistant sur la nécessité de passer des échanges aux signatures concrètes.
Louise Mushikiwabo a ensuite appuyé avec force un combat partagé par l’Alliance : la libre circulation des entrepreneurs francophones. Elle a plaidé pour une meilleure compréhension, par les gouvernements, des réalités économiques de la mobilité. « Il n’est pas normal qu’un homme ou une femme d’affaires attende deux mois un visa. C’est de l’argent perdu, c’est un frein à l’emploi dans nos pays. » Elle appelle à un changement d’approche politique sur ce sujet, qui freine aujourd’hui la dynamique d’investissement et l’expansion des entreprises à l’échelle francophone.
Enfin, elle a rappelé que la francophonie économique doit être un vecteur de transformation, d’innovation et de développement durable, « un espace d’intérêt commun, de prospérité partagée et de circulation des bonnes pratiques. » À l’horizon 2026, avec la REF prévue au Cambodge et le Sommet de la Francophonie organisé à Phnom Penh, l’OIF et l’Alliance continueront à unir leurs efforts pour faire vivre une francophonie économique ouverte, mobile et compétitive.